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Progiciel ou développement spécifique: comment choisir?

21 mai 2021 par
François Kreutz

Avec la multiplication des besoins en logiciels, les entreprises sont régulièrement confrontées à un choix entre un progiciel (logiciel commercial) et un logiciel spécifique (logiciel développé sur mesure). Comment choisir ? 

Pour répondre à cette question, la première étape consistera à établir un cahier des charges assez précis des besoins fonctionnels (ce que le logiciel doit faire). Vous pourrez ensuite évaluer les logiciels existants (progiciels, logiciels libres, solutions SaaS) en fonction du cahier des charges.  

S’il existe un logiciel qui répond à une grande majorité des besoins, vérifiez les points suivants : 

  • Le logiciel est-il de conception moderne ? (client léger, existence d’API, fréquence des mises à jour mineures et majeures, mode SaaS, etc.) 
  • L’éditeur est-il pérenne ? (risque de défaillance)
  • Les technologies utilisées par la solution sont-elles récentes et éprouvées ?
  • La solution est-elle correctement sécurisée ?
  • Dans le cas d’un logiciel « SaaS » :
    • L’éditeur assure-t-il la continuité de service et les sauvegardes ? 
    • Etes-vous bien propriétaire de vos données ? 
    • Pouvez-vous facilement exporter toutes vos données ? 

Si la solution répond positivement à ces points, elle constituera certainement un meilleur choix que le développement sur mesure : cela vous coûtera bien moins cher et vous éviterez les risques inhérents au développement logiciel (qui seront toujours bien supérieurs à la mise en œuvre d’un progiciel). 

Le développement spécifique est envisageable lorsqu’une ou plusieurs des conditions suivantes sont remplies :

  • Il n’existe aucun logiciel qui répond à la majorité de vos besoins fonctionnels. 
  • Une solution spécifique vous permettra de créer, maintenir ou développer un avantage concurrentiel.
  • Vous pensez qu’il existe une opportunité de commercialisation du logiciel développé. 

Toutefois, il est important de garder à l’esprit qu’un projet de développement spécifique est un investissement sur le moyen/long terme. D’ailleurs, le coût d’un logiciel spécifique ne se limite pas aux coûts de développement jusqu’à la livraison du produit fini. Il est essentiel de budgéter une enveloppe annuelle consacrée à sa maintenance. Un logiciel est une machine qu’il faut entretenir, à défaut il deviendra rapidement obsolète, incompatible, insécure, etc. et votre dette technique enflera exponentiellement avec le temps. Ceci est d’ailleurs également valable pour les progiciels, mais les coûts de maintenance d’un logiciel spécifique sont supérieurs à ceux d’un progiciel (l’éditeur mutualise le coût sur son portefeuille clients). A noter que certaines technologies permettent de réduire le coût de maintenance logiciel (hébergement cloud, serverless, dockers). 

Attention également à ne pas étendre sans fin les fonctionnalités de  votre logiciel spécifique. Il s’agit de se concentrer sur les fonctionnalités qui apportent un vrai gain, pour le reste utilisez des progiciels ou logiciels libres que vous interfacerez avec votre application spécifique. 

Si vous sous-traitez le développement de la solution :

  • Négociez et contractualisez dès le départ le coût et les conditions de la maintenance logicielle (souvent appelée « Tierce Maintenance Applicative » ou TMA). 
  • Assurez-vous d’être propriétaire exclusif des codes source et qu’ils vous soient remis régulièrement (ou obtenez un accès à la forge logicielle qui les héberge). 
  • Incluez dans le cahier des charges l’intégration de l’application spécifique au reste du système d’information (par API). Exemple : vous avez un logiciel spécifique de vente : les factures et avoirs doivent être automatiquement transférés à votre progiciel comptable. 

Quel que soit votre choix entre progiciel et développement spécifique, sachez le reconsidérer. En effet, peu d’entreprises remettent régulièrement en question leur parc logiciel : le choix, de par l’organisation qu’il induit, crée souvent des « cultures digitales » d’entreprise (culture du « tout développement » ou la culture du « tout progiciel ») et les acteurs n’ont pas forcément intérêt à le remettre en cause.  

Pourtant, il est possible que certaines fonctionnalités qui vous conféraient auparavant un avantage concurrentiel existent désormais en standard dans des progiciels : il est peut-être de temps de transférer ces fonctionnalités sur un progiciel. A l’inverse, il est possible qu’un progiciel vous freine significativement dans vos process et/ou dans votre croissance. Envisagez alors un développement sur mesure pour tout ou partie des fonctionnalités nécessaires. 

Il ne faut pas hésiter à challenger ses équipes, ses prestataires existants ou de nouveaux prestataires. Un audit vous apportera un nouveau regard, et permettra de faire un bilan lucide de votre parc logiciel, d’évaluer l’efficacité de vos équipes de développement, d’estimer votre dette technique, etc.